Bernard Giraudeau a levé l’ancre de son bateau amiral à 63 ans.
Il a laissé derrière lui une carrière impressionnante sans avoir été récompensé à sa juste valeur.
Il y avait en lui l’expression et l’interprétation d’un Gérard Philippe et aussi d’un Patrick Dewaere.
C’était également une belle gueule, ce qui ne gâche rien.
Dans une fiction moyenne sa participation pouvait au moins sauver le film et au mieux créer un succès au box office.
Peu de déchets dans ses choix.
Il nous a fait chavirer dans les films de Patrice Leconte dont "Viens chez moi j’habite chez une copine" et surtout ce rôle extraordinaire d’abbé dans "Ridicule".
Il doit beaucoup à José Giovanni et lui a rendu la réciproque, dans "le Ruffian" avec Lino Ventura ( quand même!!) ou dans "les spécialistes" avec Gérard Lanvin.
Hubert, Ozon et Scola complètent également le tableau d’honneur des réalisateurs qui lui ont fait confiance et compris que l’ancien quartier-Maitre du porte-hélicoptères de la Jeanne d’Arc et du porte-avions Clemenceau avait gagné ses galons de comédien de premier rang.
Ce Rochelais de naissance s’était engagé dans la Marine nationale sept ans plus tôt que son entrée au Conservatoire national supérieur d’art dramatique à l’âge de 24 ans.
Et c’est donc également au théâtre qu’il exprime son grand talent, notamment dans "Les liaisons dangereuses " mis en scène par Gérard Vergez, puis plus tard dans Richard III.
Il a mis à profit cette expérience de marin pour écrire des récits en mer dans ses voyages de bout du monde.
Extrait:
Sur la côte des naufrageurs, j’ai rêvé, enfant, ma vie d’homme comme un grand défricheur, je cherchais des épaves au trésor. J’étais pirate autour d’un feu de bois flotté. »
Il passera aussi de l'autre côté de la caméra en devenant réalisateur, tout en continuant à tourner comme acteur comme dans "Les caprices d’un fleuve".
A défaut de récompenses se résumant à des nominations, un hommage en mémoire à ce grand acteur ne serait pas usurpé.
SC une affaire de goût